jeudi 29 mars 2007

Ne touchez pas la hache


Rivette pour son dernier film adapte a nouveau un classique de la litterature, apres Diderot c'est a Balzac qu'il s'attaque avec "la duchesse de Langeais". Je ne sais pas si le film est fidele au roman et finalement cela n'est pas tres important meme si l'ecrit reste tres present dans ce film.
Que ce soit dans les dialogues ou dans l'utilisation de texte rythmant le film qui sert a la fois a recentrer le film sur la relation du couple joue par les magistraux Balibar et Depardieu (le fils) en vidant le film de toute action annexe, mais aussi renforcer les moment dramatiques comme lorsque la duchesse recherche son amant et que l'ecran noir affiche simplement "mais rien" (ou quelquechose comme ca). Le cinema de Rivette semble ainsi entretenir a l'ecrit le meme rapport que les deux amants du films, melange d'attraction, de seduction, de domination de l'un sur l'autre pour finalement se ne jamais etre ensemble. la litterature serait ainsi cette forme noble appartenant a une longue histoire, ayant ces codes, representée ici par la duchesse, et le cinema cette forme certes anoblie mais qui garde un aspect rustre de ses origines populaires symbolisée par le jeune general.
Mais c'est au de la de cette symbolique une histoire d'amour entre deux etres de milieu different et qui semble impossible compte tenu des conventions sociales et qui le deviendra par la maniere de preferer jouer le jeu de la seduction qui conduit a vouloir posseder l'autre, a le dominer et a passer ainsi a cote de leur histoire ce qui rend le film contemporain malgre les allures de film historique.

samedi 24 mars 2007

Lettres d'Iwo Jima


J'ai enfin pu voir la deuxieme partie de ce diptyque de Clint Eastwood. Apres avoir donne le point de vue américain de la bataille d'Iwo Jima avec "memoire de nos peres", voila le regard japonais avec ce film magnifique. En montrant les deux cotés de cette guerre,le realisateurs fait un geste politique admirable, tres humaniste. Mais c'est aussi un geste cinematographique en donnant une forme differente, renvoyant pour le film americain a l'age d'or d'un cinema hollywoodien qu'il deconstruit, et cette fois au cinema japonais d'Ozu et Kurozawa. C'est un ainsi a la fois un travail de memoire historique et cinephilique.
Cette fois le film est plus simple a suivre, moins d'aller-retour qui pouvaient perdre quelques esprits limites dans le film precedent. On retrouve le meme questionnement sur ce qu'est un veritable heros et du rapport entre celle definie par l'Etat qui prend ici la forme du suicide (avec une grande scene inquietante ou chacun se frappe une grenade contre le crane) et celle d'individus qui refusent la hierarchie et ont le courage de fuire. Il donne une image de cette ile tres inquietante avec ses nuages de cendres et ses arbres brules ou vie et mort se confondent (l'un des personnagese fait passer ainsi pour mort pour survivre).



vendredi 23 mars 2007

Les Temoins


Adrien aime Manu qui prefere Medhi marié avec Sarah amie d'Adrien. Le début du film de Techine suit avec grace l'insouciance de ces amours qui comme a la belote se jouent a quatres. C'est les annees 80, tout semble possible pour ses personnages, les couleurs sont chaudes, l'image est lumineuse. Une joie romanesque domine dans cette premiere partie faite de balade en bateau ou avion. Puis c'est l'arrivee de cette maladie venue d'ailleurs qui semble si mysterieuse, c'est le debut du sida et l'insouciance a disparu, la camera se pose, chacun fait face a la maladie a sa maniere, puis enfin le retour a une forme d'insouciance comme si la maladie avait disparue.
Le cineaste, dont le film est quasi autobiographique, arrive aidé de tres bons comediens ainsi a alterner destin individuel et collectif, souffle romanesque et realisme, a faire ressentir aussi bien la joie du debut que la gravité de la suite.

dimanche 18 mars 2007

Le 4eme morceau de la femme coupee en 3


Film aussi court que son titre est long, assez etrange, un ovni dans le paysage cinematographique actuelle.
Comme l'indique ce titre tres evocateur il s'agit d'un triptyque ou l'heroine jouee par la realisatrice, Laure Marsac, femme-enfant decalee qui tente de passer le permis de conduire ce qui lui permettrait de s'emanciper de son mari. Puis se retrouve bloquer dans un hypermarche au milieu de nulle part ses cles etant dans la voiture qui est fermee (ca arrive pas qu'aux autres ce genre de chose, mais passons...) pour ensuite revenir sur un souvenir d'enfance ou l'on voit dans un terminable voyage sur une autoroute avec sa mere.
Ce souvenir pourrait laisser croire a une explication psychologique eclairant les parties precedentes. Mais rien de cela heuruesement. Tout ce rouge n'a rien a voir a traumatisme de meme que la presence de ces voitures, mais uniquement parce que c'est joli. Et son film l'est, et c'est bien.

vendredi 16 mars 2007

Angel


j'avoue n'etre pas un grand amateur d'Ozon, je n'ai vu que deux de ses films, "8 femme" sympa et "swimming pool " nul, c'est donc avec mefiance que je suis alle voir son dernier film. La tentation premiere serait de penser qu'a l'instar de Flaubert, le realisateur pourrait dire "angel c'est moi". En effet c'est l'histoire d'un jeune anglaise du debut du XX eme siece qui conivaincue de son talent et desirant quitter son milieu populaire se lance dans l'ecriture de romans a l'eau de rose qui aura un succes. L'heroine n'a comme le realisateur pas de style (il est difficile de reconnaitre un de ses films, de se dire "c'est du ozon!") mais une certaine energie. D'ailleurs le film epouse la forme litteraire de la romanciere, celui d'une histoire d'amour et d'ascension sociale avec decor luxueux, violon et robes d'epoque qui conduit a se parallele ozon/angel.
Mais le realisateur est assez malin pour se detacher d'elle; Angel est (rarement) un ange et Ozon n'est pas (toujours) Angel, et apporte une noirceur cynique a son film. Il est aussi ce peintre dont Angel tombe amoureuse,qui peint sans couleur. Il est ainsi ce melange de surenchere et de vide.
On peut avoir aussi une lecture plus sociologique de ce film car l'ambition artistique et surtout sociale de l'heroine ne peut perdurer dans un univers de classe, elle garde des habitudes,maniere de parler et gouts qui trahissent ses origines populaires.

mardi 13 mars 2007

Le Direktor


Lars von Trier est de retour au danemark et au cinema avec une comedie cynique. Un directeur d'entreprise qui par lachete cree un personnage fictif "le directeur de tout" pour faire passer les decisions les plus douloureuses sans perdre de sa popularite aupres des employes doit faire appel a un ami, acteur fauche et arrogant, afin d' incarner ce president au moment de la vente de l'entreprise a un islandais irascible. On retrouve ainsi tout l'amour que porte le realisateur pour l'humanite. Cette absence de direction d'entreprise s'accompagne par une absence de cadrage et de raccord, le film etant "realise" par un programme informatique.
Cette vacuite de l'Art que semble denoncer le realisateur avec cet acteur "pretentieux donc fauche" donne sens aux procedes qui paraissaient jusque la denue de reflexion pour n'etre que de simples gadgets. Alors que le dogme pouvait donner le sentiment d'un refus du cinema, que cet absence de decors dans sa trilogie (dogville, manderlay) apparaissait au final creux, sa mise en scene par voie informatique parait finalement comme une ethique de l'humilite contre les grands discours sur l'esthetique pour se concentrer sur son sujet. une comedie sur le faux-semblant.

jeudi 8 mars 2007

Volem rien foutre al pais


Pierre Carles continue sa croisade contre le travail ou plutot contre le monde du travail avec ce nouveau film qui suit "attention danger travail". j'avoue ne pas avoir vu le precedent mais cela n'empeche pas de voir et saisir ce documentaire dans lequel le realisateur glane quelques images sur a la fois les limites du capitalisme et son ouverture vers la decroissance en filmant quelques neo ruraux fuyant la civilisation urbaine pour cultiver leur propres jardins. La force du film est ainsi que la forme epouse son propos: sa critique du travail est filme de maniere non travaillee, a priori destructuree, sa volonte de montrer une nouvelle forme de democratie conduit a faire dialoguer les images comme quand certains neoruraux regardent un film sur une manifestation en espagne puis la commentent. mais a trop questionner et a ne rien structurer ce film devient rapidement incoherent d'autant plus que les propos des personnes filmees sont rarement intelligibles voire stupîdes. Peut-on a la fois deplorer les delocalisations qui conduisent aux licenciements et le salariat, dans la mesure ou ces plans sociaux liberent l'individu de ce salariat alienant? peut-on faire l'apologie de ceux vivent au rmi en refusant de chercher un travail alors qu'eux meme vivent du travail des autres?cette vision du chacun autonome donc responsable que de lui-meme cassant ainsi toute forme de solidarite sociale pour des solidarites privees au sein d'une communaute reduite ressemble a une utopie liberale ou le salariat a disparu pour laisser a une mulititude d'entreprise, chacun creant sa propre activite? Finalement ce film donne par moment le sentiment de donner plus d'arguments au liberalisme a force de posture libertaire meme s'il a le merite de poser des questions.