lundi 30 octobre 2006

Memoires de nos peres


En voyant la bande annonce, je me suis dit "oh non encore un film de guerre" ou les bons soldats sont presentes en heros, mais j'avais tort et le dernier clint est un peu l'anti-"indigene" (bien que je ne l'ai pas vu, je me permet d'en dire du mal). Si "indigene" a des fins politiques, montrant l'importance de certains oublies de la guerre en les transformant en heros, "memoire de nos pere" nous propose un contre champs a une telle demarche en deconstruisant toute cette mythologie. En partant d'une photo prise lors d'une bataille contre les japonais en 45, montrant plusieurs soldats plantent le drapeau en haut d'une colline ce qui donne l'illusion de la victoire (on apprendra par la suite que la bataille a continue longtemps apres et que certains de cette photo sont morts), Clint Eastwood nous montre comment celle-ci est reutilisee pour faire de ces soldats des heros et exalter cet appetit guerrier dans la population qui peut faire echos avec la recente propagande pour la guerre en Irak, ainsi que son decalage par rapport a cette guerre qui est une vraie boucherie ou il est difficile d'identifier qui est qui et donc d'identifier de veritable heros et par rapport aussi au role veritable de ces personnages dont certains etaient reste sur les lignes arrieres sans intervenir, ou encore par rapport a la verite sur cette photo qui n'est qu'une mise en scene pour faire plaisir a un dirigeant. Le film est ainsi un elegant alle-retour entre l'un de ces soldats vieillissant qui raconte la verite a son fils, les moments d'allégresse au retour au pays de ces heros et leur sentiment de culpabilite par rapport a cette supercherie se souvenant de ce qu'etait cette guerre.

jeudi 26 octobre 2006

mercredi 25 octobre 2006

The Office (uk, us et fr)

Je profite de la sortie en dvd de la brillante et courte serie anglaise "the office" pour evoquer celle-ci ainsi que ces differentes adaptations, americaines et françaises. Celles-ci decrivent la vie d'un bureau d'une pme qui vend du papier en prenant la forme d'un faux documentaire, montrant surtout l'imbecilite crade de son patron et l'ennui qui regne dans ces espaces. Alors que l'adaptation francaise reprend cadre pour cadre cette serie, elle n'arrive pas a retranscrire ce melange de demesure et de realisme, de drolerie et de malaise, qui fait le genie de l'original. Au contraire la version americaine en prenant des libertes avec l'histoire et meme a la prolonger (elle continue avec une troisieme saison, alors que la serie anglaise ne compte que deux saisons de six episodes chacun). On peut avancer au moins deux raisons pour expliquer que le copier/coller francais ne fonctionne pas.
La premiere est la difficulte a outrancier tous les personnages et en particulier le directeur qui dans les versions anglosaxones se montre beaucoup plus narcissique, lache, feignant, raciste, homophobe, sexiste,.... dans la version francaise il est beaucoup plus fade et banal.
La deuxieme raison tient dans la quasi absence de l'utilisation du dispositif de faux documentaire comme enjeu dramatique. Dans les version anglosaxones, le faux documentaire (et donc la presence theorique d'une camera) est utilisee dans l'histoire dans la facon dont les personnages font face a celle-ci en refusant parfois de se montrer, comme a la fin de la saison 2 ou le commercial amoureux de la receptionniste enleve le micro pour le lui avouer en toute discretion , ce qui rend la scene plus intense, ou encore quand certains tentent d'echapper au regard de cette camera ou se sente gene en decouvrant qu'ils sont filmes...
C'est ainsi ce melange d'outrance et de realisme qui rendait passionnant "the office" et son absence dans "le bureau" qui decoit (pourtant le fait que ce soit ceux du tres drole "caractere a message informatif qui l'adaptent laissait esperer mieux) .

mardi 24 octobre 2006

Les Amities Malefiques


On retrouve dans le nouveau film du fils Bourdieu un meme hommage que son precedent "vert paradis"- de maniere un peu plus voilee cette fois - aux travaux de son pere. Il s'agit cette fois d'etudiant en lettre dont l'apparente amitie cache des formes plus ou moins conscientes de domination. Il nous montre ainsi le cote obscure du champs culturel, son arrogance sterile. Un des personnages, le mentor de cette bande d'etudiant, se moque de ceux qui ecrivent en repetant incessamment qu'il est le signe d'un manque de caractere, pratiquant une violence symbolique sur ces jeunes apprentis ecrivains, alors qu'on se rend compte qu'il est lui meme incapable de finir son memoire de maitrise. Ces amis qui se laissent dominer pour ensuite le mepriser, car eux reussissent, ne valent guere mieux. La domination est aussi celle de l'homme sur la femme, les personnages feminins n'etant que des faire-valoir et des proies a la seduction masculine. L'univers de cette culture legitime apparait ainsi aussi noir que celui des romans d'Ellroy, auteur qu'ils etudient dans le film. Emmanuel Bourdieu met ainsi en image les etudes de son pere avec plus de fatalisme, la reproduction et la domination ne semble avoir chez lui aucune issue de secour.

dimanche 22 octobre 2006

Bamako


Si d'un point de vue purement economique, le film est assez insatisfaisant, presentant une vision un peu simple et manicheenne des institutions internationales (mieux vaut pour s'informer sur la banque mondiale lire "la grande desillusion" de Stiglitz) , mais je ne vais pas au cinema pour apprendre quelque chose sur l'economie; mais pour voir tout simplement un bon film, et c'est le cas de "Bamako". Celui-ci n'est pas que le proces de la banque mondiale, meme s'il s'agit du sujet principal, le realisateur nous montre aussi une afrique ouverte dans tous les sens du terme.
L'ouverture est d'abord celle du lieu ou se deroule le proces, i.e. dans une cour (la cour dans une cour, quel comique ce Abderrahmane Sissako!) qui est aussi le lieu de passage des personnes qui y vivent, se marient pendant que d'autres plaident. Il n'y a ainsi pas de separation entre ce qui est de l'ordre du public et de l'ordre du prive. l'ouverture c'est aussi celle entre professionnel et amateur, entre veritable avocat qui joue leur propre role et acteur professionnel ou non. C'est aussi l'ouverture par rapport aux langages, la maniere sensible ou raisonne de temoigner contre les mefaits du liberalisme,d 'utiliser les dialectes du pays ou le francais, voire meme l'anglais. Enfin c'est l'ouverture des formats, le film peut ainsi passer d'une forme assez theatrale comme les scenes de proces, a des aspects plus documentaires comme les scenes de mariages ou d'enterrement, ou à du film de genre avec ce western que tout le monde regarde a la tele (ce western montre d'ailleurs que la mondialisation n'est pas qu'economique mais aussi culturel).

jeudi 19 octobre 2006

Prison Break - Saison 1

Pendant que les histeriques de "desperate housewives" se crepent le chignon sur canal, le calme Michael tente de sortir de prison son frere, injustement accuse de la mort du frere de la vice-presidente, en se faisant lui meme incarcere. Pas de vision cauchemardesque denoncant les conditions des prisonniers comme dans "Oz" (l'univers hors de la prison est dans cette serie tout autant si violent qu'a l'interieur). Comme dit le heros vers la fin de la saison 1, "il ne s'agit pas de faire un discours moral sur la peine de mort mais de sauver mon frere pendant qu'une amie avocate tente de prouver son innocence". Voila qui resume bien l'enjeu dramatique de cette serie: il n'y a aucun discour moral mais uniquement la volonte de creer du suspence, de faire monter l'adrenaline du spectateur. Cette efficacite narrative ne repose pas sur une revolution de la forme comme "24 heures chrono" avec son temps reel (dont le procede semble s'epuiser sur certaines saisons, la saison 5 marquant un renouveau par un cote plus noir et politique), mais un certain classicisme et une sobriete visuelle mettant en avant le talent d'ecriture des scenaristes. On finit par etre plus angoisse par la capacite ou non de tenir sur plusieurs saisons (le concept de l'evasion semblant limiter de lui meme son nombre) que par la reussite du heros.
La fin de saison donne ainsi le sentiment que toute la premiere saison n'etait que le long episode pilote en installant les differentes histoires, depassant son concept de depart , faisant de cette serie un tres bon remake du "fugitif".

mardi 17 octobre 2006

lundi 16 octobre 2006

Mala Noche


Realise en 1985 par Gus Van Sant, ce film reste inedit en France. Il apparait ainsi comme un document bref et touchant de l'oeuvre de jeunesse d'un grand realisateur, avec les defauts d'un film de jeunesse comme l'utilisation tres arty du noir et blanc qui peut etre vu comme un moyen de souligner les differences sociales et raciales (il s'agit d'une histoire d'amour a sens unique entre un jeune, blanc, intellectuel mais proche du peuple, et un refugie mexicain).
On retrouve surtout certaines formes qui vont marques l'oeuvre de GVS comme les corps de jeunes marginaux,ou cette fascination pour les ciels nuageux montrant l'ecoulement du temps.
Mais tout cela reste un peu brouillon et inegal, alors que ses derniers films font preuve de plus de serenite et de poesie dans sa facon de filmer.

samedi 14 octobre 2006

Dans Paris


Le film commence pourtant mal, Louis Garrel face camera interpelle le public de maniere desinvolte, expliquant dans ce qu'il appelle une "introduction", comme s'il s'agissait d'une dissertation , qu'il est le narrateur pour ensuite laisser de cote ce gadget filmique inutile et montrer le vrai sujet du film qui est son frere joue par Romain Duris (qui se bonifie avec l'age). le film se decoupe en 2 parties inegales ( a eviter dans une dissertation ou l'ideal de symetrie doit dominer), a l'image du livre "franny and zoe" (aussi une histoire de relation fraternelle en 2 chapitres) qui apparait vers la fin.
La premiere partie nous montre une relation passionnelle alternant joie et desespoir dans un montage denue de raccord, ou scene interieure et exterieure se suivent sans lien, ou au contraire des raccords qui n'ont pas lieu d'etre rendant impossible la possibilie d'etablir une chronologie, comme si le temps et l'espace etait banni dans cette histoire d'amour qui est si enflammee qu'elle finit par s'eteindre.
La deuxieme partie est la depression de Duris qui du fait de cette rupture retourne chez son pere joue par Guy Marchand (tres bien dans ce role de vieux pere depasse par cette histoire).Comme il refuse de quitter son lit, son frere lui propose un marche assez etrange: s'il arrive en moins d'une demi heure dans un lieu de paris que j'ignore, il sort de sa chambre. De cette deambulation dans paris qui dure finalement plus d'une demi heure, preferant butiner de jolies filles, le realisateur ne montre pas veritablement des lieux, mais des films de la nouvelle vague. Garrel ne passe pas de la Tour Eiffel a Notre-Dame, mais de Godard a Truffaud via Demy. Il le fait non pas de facon referencieuse qui donnerait le sentiment de traverser un musee, mais avec beaucoup de joie dilettante qui contraste avec la melancolie de son frere. On retrouve ainsi ce meme melange des emotions que dans la premiere partie qui rend le film si passionnant.

vendredi 13 octobre 2006

My name is earl - saison 1


Une bonne idée ne fait en géneral ni un bon film, ni une bonne série."my name is earl" se trouve ainsi etouffé par son idée de depart.
Le heros, un loser moustachu et chemise à carreau representant l'americain moyen, vivant de petits larcins, gagne un jour au loto pour aussitot etre renverse par une voiture; il decouvrira alors en regardant la tele sur lon lit d'hopital que si on fait de bonnes actions, des bonnes choses nous arrivent. Notre heros decide alors de faire une liste de tous les mauvaises actions qu'il a commis dans sone existence afin de les reparer. Cette liste sert ainsi de fil conducteur a la serie ou chaque episode tourne autours d'une des ces mauvaises actions (voire parfois plus) et de sa reparation. Cela se transforme en quete initiatique d'une vie bonne, un long chemin de redemption, qui est vite pesant et desagreable (pour un vilain athee comme moi). C'est d'ailleurs quand elle arrive a s'eloigner de cette liste que cette serie gagne en humour et en finesse, mais a chaque fois le poids de la morale resurgit, le heros arrivant a se racheter, tout cela finissant dans la joie et l'allegresse pour les personnages, pas pour le spectateur qui n'a qu'une envie c'est de faire le chemin inverse du heros en commettant toutes les mauvaises actions citees dans la liste (promis demain je vole la voiture d'un unijambiste).

mercredi 11 octobre 2006

mardi 10 octobre 2006

Le Parfum

Je ne sais pas si c'est volontaire, j'en doute, mais le film est a l'image du heros du livre de Suskind: laid et sans odeur.
Si c'etait le cas le realisateur aurait choisi un acteur moins cinegenique, plus dans le style de gollum de ce nanard qui ne merite pas d'etre cite. Le film ne fait que retranscrire en image l'histoire du livre. Mais alors que le parfum devrait etre leger, aerien, ici tout est lourd, que ce soit dans le decors et les costumes, dans ce visuel jaunatre de vieille carte postale ou dans cette facon grotesque de vouloir montrer que le heros, un serial killer au nez fin, percoit le monde par l'odorat en filmant en gros plan son nez accompagne de bruitage de type a qui on a envie de tendre un mouchoir, sans parler de la scene finale, une triste et pathetique scene de partouze (ca vaut pas un bon brisseau!). J'ai meme ri alors que le livre n'est vraiment pas drole c'est dire... Prouesse du realisateur ou ratage integral?

lundi 2 octobre 2006

les anges exterminateurs


Il y a un peu de honte a demander une place de cine pour le dernier Brisseau, on passe tout de suite pour un pervers qui vient mater quelques jolies filles (encore que les actrices ne soient si jolies que ca dans ce film), d'ailleurs le realisateur joue beaucoup dessus dans sa facon d'ultiliser le contre champs du realisateur voyeur qui rappelle la position du spectateur.
Mais le film va plus loin car Brisseau a plus d'ambition qu'un realisateur de telefilm erotique de M6. Il prend ainsi pour reference Hitchcock qu'il cite regulierement dans les interviews (omme lui, il apparait subreptissement dans le film), dont il veut être l'equivalent erotique. Il cherche ainsi de maniere quasi scientifique - le film a un aspect presque documentaire - à creer l'emois du spectateur par la recherche du plaisir feminin, tout comme Hitchcock cherchait a creer les conditions du suspence et de la peur chez le spectateur. Il y donc une facon presque paradoxale de montrer ce plaisir feminin de facon rationnelle en utilisant les plans sequences comme si cela permettaitd'eviter toute tricherie.
Toutefois le film a les limites de son ambition, si la peur semble universelle les spectateurs sursautent en general au meme moment, le plaisir a un cote plus relatif, ce qui creee l'emois chez l'un ne sera pas vrai pour l'autre, et filmer la montee du plaisir dans sa duree ne permet pas forcement de susciter le plaisir chez le spectateur. Mais l'ambition reste suffissement belle pour etre saluee.

dimanche 1 octobre 2006

voiture de luxe


Ce film de Wang Chao se situe dans la "belle" ville de Wuhan (equivalent chinoi d'une ville du nord de la france, gris et industriel) montrant ainsi une Chine en pleine transition vers un capitalisme moderne qui se retouve dans le titre, la voiture de luxe, etant une grosse audi volee qui symbolise ce desir de biens de consommations occidentaux. Il s'agit d'un pere qui quitte sa campagne pour aller chercher a wuhan son fils disparu afin qu'il voit pour une derniere fois sa mere mourrante, et est heberge par sa fille devenu une sorte prostituee de luxe. Uniquement dans ce resume on voit les limites de ce film qui est son desir de trop en dire, d'etre a la fois un drame familial et un polar , un film intimiste mais qui veut decrire une relation pere-fille, et un film plus historique sur cette modernisation de la Chine et son rapport aux traditions. Mais sur tous ces sujets le realisateur ne semble pas avoir de reel point de vue autre que la banale incarnation de cette tradition dans le vieux pere et sa campagne et la modernite dans la fille urbaine, filmant tout cela de maniere tout aussi banal, se contentant de platement illustre chacun de ses themes de la meme maniere, comme s'il n'y avait aucune difference, dans la facon de filmer un film noir et un drame familial. Finalement a trop vouloir en dire sans trop savoir quoi dire, le realisateur finit par ne rien dire et provoquer chez moi une forme d'indifference et d'ennui par rapport a son film.